Face à l'austérité grandissante du site, je crois qu'une petite dose de bonne humeur s'impose.
C'était ça ou Loituma... alors bon.
C'est beau, j'en pleurerai.
Eyh les gens, don't be flemmards et go voir mon magnifique premier article, il explique assez bien les choses comme ça.
(Vous aurez relevé l'indice inédit présent dans cette succinte description : je parle comme Jean-Claude Van Damme !)
Un soupir perce la brume. Il semble se mêler au vent au point de penser que c'est le vent lui-même qui émet ces paroles timides, à peine prononcées, d'un air mélancolique et pourtant exempt de toute forme de tristesse.
« Il neige ... »
La valse des flocons entrainés par le vent semble durer depuis toujours ... et à jamais. Chacun de ces petits points blancs, comme autant d'étoiles scintillantes dans le ciel sans lune de cette nuit d'hiver, donne l'impression de ne jamais vouloir effleurer le sol immaculé. Cela est sans doute du au fait que les flocons disparaissent instantanément au contact de l'eau invisible de la baie mais ils sont aussitôt remplacés dans le ciel par une quantité d'autres petites sphères blanches.
Un voile nocturne vient tout juste de s'abattre sur la ville. Les lumières qui émanent des inombrables fenêtres des gratte-ciel de la skyline complètent l'image de voie lactée que prend le ciel. Les feux de la ville, rouges, verts, oranges, viennent rompre la monochromie du linceul blanc qui recouvre Seattle depuis maintenant trois jours sans interruption.
Une sirène de police retentit au loin. On devine que la voiture se trouve à plusieurs centaines de metres cependant on l'entend distinctement. La nuit est calme. Inhabituellement calme. Avant que le son strident ne se soit entièrement estompé au détour d'une ruelle sombre, la corne de brume du ferry-boat le recouvre brusquement et quand, à son tour, celle-ci se tait, la voiture de police semble avoir disparu.
Zooey est une des seules passagères (déjà peu nombreux il faut l'avouer) à rester sur le pont verglacé, la plupart des gens préfèrant la chaleur douillette qui règne à l'intérieur. Elle observe la nuit, la ville, la neige. Elle observe la ville de nuit sous la neige, accoudée à la rambarde dont elle a balayé l'épaisse couche de neige fraîche qui la recouvrait du revers de la manche de son pardessus noir. Son écharpe, rayée de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, est ballotée par le vent. Zooey l'enroule toujours deux fois autour de son cou et pourtant il reste de chaque côté au moins cinquante centimetres de laine ce qui laisse présager de l'impressionante longueur de l'objet. Avec son bonnet péruvien arborant une multitude de tons de bleu et ses gants bariolés, cette écharpe est le seul vêtement de couleur qu'elle aime porter. Hormis ces petites touches colorées narguant le blanc immaculé de la neige et du ferry et le noir profond de la nuit, une part importante de sa garde-robe est noire, tout comme ses cheveux lisses qui retombent sur ses épaules à la sortie du bonnet. Ne restent alors que ses grands yeux, du plus beau vert qui soit, pour ajouter la touche finale à cette discrète oasis de couleur qu'est Zooey. Elle aime beaucoup l'hiver car, à quelques rares exceptions près, ses seuls vêtements de couleurs sont ses vêtements d'hiver.
Elle semble perdue dans ses pensées, ou plutot perdue dans sa contemplation à vrai dire. Pendant plusieurs minutes, on ne peut pas affirmer qu'elle pense à quoi que ce soit en vérité. Enfin, après cette petite période d'inanité, sa bouche entrouverte laisse échapper quelques mots.
Un soupir, mêlé au vent.
« Il neige ... ».
Tout à coup, et nul ne saurait dire pourquoi, une multitude de pensées saugrenues lui viennent à l'esprit, comme réveillées par cette constatation. Elle se demande quelle pourrait être la réponse obtenue en demandant au premier venu ce que lui inspire ce phénomène météorologique qu'est la chute de neige. Bien entendu, elle ne s'intéresse en rien aux réponses rationalistes : « Ce n'est que de l'eau sous une forme différente ! », ou bien « Il fait froid, c'est l'hiver, quoi de plus normal ? ». Non, ce qu'elle attend c'est une interprétation profonde du phénomène, l'expression d'un sentiment inspiré par la neige. Mais, faute de gens bravant le froid sur le pont du ferry-boat, Zooey décide de faire elle-même ses propres réponses selon différents points de vue. De toutes façon, elle n'aurait jamais osé poser la question à qui que ce soit. Pas par honte. Elle est convaincue de la légitimité d'une telle question. Seulement, elle ne sait pas faire confiance à ce qu'elle aime à appeler « le commun des mortels ». Elle n'a pas peur de paraître stupide ou ridicule mais simplement d'être incomprise. Et sa question du même coup, ce qui lui est encore plus insupportable. Elle-même déplore cette attitude et cet a priori sur les gens. Mais c'est plus fort qu'elle, elle ne peut pas.
Elle imagine alors quelles seraient les réponses des gens s'ils la comprennaient. Il neige... Elle divise d'ores-et-déjà le commun des mortels en plusieurs courants. Pour certains, se dit-elle, un sentiment total de liberté émane symboliquement de cette neige, avant de s'insurger : de liberté ? ... vite dit ! Elle rétablit immédiatement l'équilibre en opposant à cette première catégorie de doux rêveurs un deuxième groupe qui, selon elle, verront plutôt en cette neige ballotée par les éléments l'oppression des plus démunis face au Titan colossal qu'est le vent, David contre Golliath. Il en a toujours été ainsi, l'humanité est partagée en trois groupes : les éternels optimistes, les immuables pessimistes et ceux qui s'en foutent purement et simplement (dans cette dernière catégorie, Zooey range tous ceux qu'elle se dit avoir eu finallement raison de nommer dans leur ensemble le commun des mortels). Le verre est à moitié plein ou bien à moitié vide ? Dans un élan de cynisme désabusé elle déclare que si le verre est plein de neige, alors il ne sera même pas rempli au quart quand cette neige aura fondu.
Voilà où en est sa reflexion à l'instant où elle est subitement interrompue par une voix incongrue. Une voix grave mais douce qui surgit de pardessus son épaule droite.
« Que peut-il bien y avoir de plus mélancolique, de plus tragique et de plus banal et à la fois de plus joyeux et merveilleux ? »
Malgré la surprise intérieure d'une telle irruption vocale dans sa méditation, c'est à peine si Zooey fait mine d'avoir entendu cette question purement rhétorique et qui épouse si bien ses propres pensées. Et pour cause, elle a parfaitement reconnu cette voix si familière et si reconnaissable. C'est celle de son frère jumeaux, Zach. Après quelques secondes de silence, Zooey, bien que soit inutile, offre au vent sa réponse, à valeur d'approbation.
« Rien... Absolument rien d'autre que la neige... »
Mais je relève malgré tout votre agacement latent, inhérent à la frustration imposée par le devoir de soumission dont vous devrez faire preuve si vous souhaitez savoir ce qui se trame ici-bas.
Humaniste dans l'âme, je consent alors à résumer ici le contenu des quelques pages qui fleuriront d'ici peu.
Ce blog à donc pour ambition la publication d'articles sur des films, livres ou musiques avec des critiques sérieuse dans un style qui l'est moins. Les publications seront donc rares mais se voudront de qualité.
Stoo :)